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LES "FOYERS" EN INDOCHINE

INTRODUCTION

Au sujet des Foyers en Indochine, notre camarade Bernard Hipault a publié un billet sur la page Facebook de la section APCFM Toulon ainsi rédigé (cf. le livre "Tricornes et bérets" de Juliette Aubry) :
"Les foyers d’Indochine étaient au nombre de deux : l'un au Tonkin, l’autre en Cochinchine. Ils étaient les seuls existant en 1947 au moment de la visite de M. Jacquinot, alors Ministre de la Marine. Sur sa demande, il fut décidé d’envoyer une équipe des Services Féminins de la Flotte afin d’organiser un réseau d’action important.

A son retour, en 1949, elle laissait derrière elle l’effectif suivant : 1 Foyer sur le port de Saïgon ; 1 Foyer à l’arsenal ; 1 Foyer à la Base Courbet ; 1 Foyer à la Base aéro-navale de Cat-La¨ ; 2 Foyers à la Base aéro de Tan-Son-Nhut ; 1 Foyer à Port Wallut ; 1 Foyer à Haïphong ; 1 Foyer à Hanoï ; 1 Foyer à Appowan."

 

Le personnel d'encadrement n'avait pas le statut de Personnel Civil de Direction des Foyers de la Marine (PCDF). C'est pourquoi, le site APCFM ne fait pas état de ces "Foyers du soldat et du marin" dans l'historique des Foyers de la Marine.

LE TEMOIGNAGE DU DFC FRANCOIS LAGNEAU

Notre camarade François Lagneau, présent en 1952-1954 à Tan-Son-Nhut (près de l'actuelle Ho Chi Minh Ville - ex Saïgon), nous livre son témoignage (Ndlr : matelot breveté en Indochine à tout juste 18 ans et qui est revenu à 20 ans quartier-maitre chef/admissible... ce qui pour l'époque constituait une belle et rare performance) :

 

" Le Foyer de la BPAN n'a ouvert qu'au début de l'année 1953 dans une barraque très propre et fort bien aménagée, à vocation "strictement bistrot".

Je la fréquentais chaque jour, essentiellement pour le "casse-croûte quotidien" de 09h00 où nous avions 3/4 d'heure d'arrêt... pour cela !

Les casse-croûte étaient toujours les mêmes. Un petit pain (ou plusieurs) bourré de camembert, point ! La boisson était dans 95% des cas de la bière pression : bière locale dite "bière Larue", et nous ajoutions : "bière qui tue" ! Certains ajoutaient : "tu avales une pellicule, tu bois une bière Larue et tu éjectes des photos parfaitement développées" ! Ceci, parce que la bière était bourrée d'hyposulfite (thiosulfate de sodium), produit qui, à l'époque, servait pour le développement des photos.

Dans ce "bistrot-foyer" il n'y avait, pour nous distraire, que des baby-foot (très utilisés). Aucune autre distraction. Il n'y avait pas de bibliothèque, pas de salle de détente, même pas de ping-pong.

La gérance était assurée par une femme, habituellement costumée en blanc ou en kaki - sans aucun signe et/ou insigne particulier. Elle disposait, pour le service, de matelots de corvée. Peut-être l'un d'eux était-il détaché ? Je ne m'en souviens pas.

A Tan-Son-Nhut nous avons connu deux de ces gérantes, toutes deux fort gentilles, mais auxquelles, pour ma part, je n'attachais aucune importance.

La première s'est suicidée... La seconde, très sûre d'elle-même, ne plaisantait pas. C'est ainsi qu'elle demanda au Capitaine d'armes (un "ours" plutôt sympa) de punir l'un de mes vieux copains... parce qu'il faisait danser sa petite chienne sur le comptoir du bar, disant : "Allez Bibiche, fait la marinette" ! La gérante en question n'était pourtant pas à proprement parler une "marinette" !

Le Foyer de l'Armée de l'Air était dirigé par un caporal-chef. C'était lui aussi un "bistrot-casse-croûte", sans  plus. Il fut "notre Foyer" avant l'ouverture de celui de la BPAN, début 1953.

A Saîgon, il y avait plusieurs "Foyers", généralement animés par des aumoniers militaires catholiques. Celui dit "des marins" fonctionnait sur une péniche. On y pratiquait du vrai scoutisme avec des autochtones. Dans ces Foyers, il y avait l'essentiel pour se distraire, voire se cultiver un peu.

 

Remarques complémentaires :

1) Nous etions beaucoup plus préocupés de notre sécurité que de tout autre sujet. Nous, marins de l'Aéronautique navale, assurions nous-mêmes notre propre sécurité en service par bordée , c'est à dire tous les deux jours. L'Armée de l'Air, par contre, disposait de plusieurs compagnies de "Biffins" pour assurer la garde de ses installations.

A partir de décembre 1953, nous avons assumé un service de 24h sur 24h sans discontinuer jusqu'à lafin de la bataille de Dien Bien Phu et au-delà, car les opérations restaient nombreuses et nous avions perdu deux appariels dans la bataille, soit 18 personnes sur un effectif trés restreint.

2) Le temps consacré aux loisirs, aux activités récréatives, éducatives, culturelles, que nous avons développés dans le cadre du PCDF étaient alors, de mon point de vue, inimaginables."

 

Signé : François Lagneau